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· pour une invitation à une tolérance raisonnable
Date de création : 25.04.2013
Dernière mise à jour :
29.07.2013
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Pour une invitation à une tolérance raisonnable
Plusieurs faits aujourd’hui nous interpellent et suscitent des interrogations. On en voudra pour preuve, la publication du vendredi 22 Mars 2013 (N° 834) du journal « Direct Matin », dans lequel, il est clairement mentionné, une hausse des actes et menaces à caractère raciste, antisémite et antimusulman. En effet, Selon ce numéro de « direct Matin » , la commission nationale consultative des droits de l’homme ( CNCDH) s’était alarmé dans son rapport : « Les actes et menaces à caractère raciste, antisémite et antimusulman se sont élevés à 1539 en 2012 , en hausse de 23% par rapport à l’année précédente ». Mais qu’est-ce qui pourrait bien expliquer cette intolérance envers la différence culturelle, raciale, ou religieuse ? Pourquoi ce rejet radical et croissant de la différence ? Comment penser l’espèce humaine sans sa pluralité et diversité ?
La différence, loin d’être un défaut pour le genre humain, est en réalité ce qui constitue son enveloppe essentielle et sa force inépuisable. Pourquoi, alors chercher à tout prix à combattre, par des actes illégitimement humains cette différence ? Au nom de quelle entité suprême, nous nous arrogeons le droit d’exercer une quelconque violence à autrui, sous prétexte que ce dernier soit incommensurablement étranger à nous ?Comment justifier des actes de violence sur le simple fait d’avoir une conviction ou une croyance différente de la masse ?
La Richesse de la diversité humaine, invite et convie à un effort d’acception de l’autre, dans sa différence, sans jamais tacher de gommer celle-ci. Dans cette logique, le respect mutuel et la tolérance y jouent un rôle. En effet, bien des actes cruels et menaces violentes, sont souvent largement tributaires d’un sentiment d’intolérance envers d’autres peuples, culturels, croyances religieuses, opinions contraires etc… Pris dans ce sens, la tolérance semble être donc ici indispensable, au sens où elle pourrait aider et permettre une coexistence pacifique dans des sociétés profondément marquées par des conflits et des désaccords moraux. La tolérance est de ce point de vue une vertueux. Celle-ci n’est nullement une attitude de supériorité qui reçoit avec mépris ou pitié la différence ou l’altérité. Mieux encore, elle n’est en rien une acceptation dogmatique ni un dédain des croyances ou des points de vue différents des nôtres. La tolérance, au contraire, appelle ici au respect de la personne, à l’écoute et à l’ouverture d’esprit. Elle rend possible un dialogue fécond et enrichissant. Au lieu sans cesse de nous enfermer dans des clichés infondés rationnellement, nous gagneront ainsi à adopter une démarche d’ouverture de l’autre. Celle-ci passe par exemple par cet effort, moins facile d’une compréhension de l’autre, de sa différence (religieuse, culturelle, etc.),voir dans celle-ci, ce qu’il y a d’attirant, de raisonnable, de juste et de convaincant. Or, très souvent, nous prenons le parti pour ‘’ une faiblesse d’esprit’’ dont les opinions venues du sens commun constituent l’expression la plus évidente. Le mauvais, le monstre est toujours « l’autre ». Celui-ci appartient au domaine du mal. Et nous nous arrogeons ainsi la paternité du bien, du beau, du juste, du rationnelle et du raisonnable. Pourquoi ?
Si chacun faisait d’abord au préalable une critique sans complaisance de ses valeurs (religieuses, culturelles ou politiques) avant de jeter ou de voir injustement dans l’autre la figure « du monstre », alors l’ouverture et le dialogue avec « la différence de l’autre » aurait une possibilité beaucoup plus féconde qu’il en est aujourd’hui. Mais comme nous avons toujours cette prétention de supériorité et de nous accaparer toutes les valeurs censées diriger et guider les autres, et même l’humanité, alors rien d’étonnant au paysage particulièrement triste et froid qui s’offre à nous : la montée du racisme, de l’antisémitisme…
Si des personnes, par-delà leur position religieuse et appartenance raciale, respectaient la différence sous ses formes variées (puisqu’étant une richesse) et la reconnaissait légitimement comme telle et non pas simplement en apparence, alors le paysage alarmant et froid qui s’offre à nous serait moins criard. Même des personnes ayant des croyances religieuses, culturelles ou des convictions diamétralement opposées, peuvent parvenir par le biais d’un respect mutuel et d’une tolérance raisonnable à coexister pacifiquement et faire en sorte que les divergences ne cèdent pas le pas à des actes horribles qui pourraient mettre en danger, la vie des uns et des autres. Mais hélas ! le fanatisme démesuré de certains conduit le plus souvent à des actes violents. Autrement dit, cette attitude passionnelle d’intolérance à l’égard de la différence, de ceux qui ne partagent pas une certaine foi ou conviction que nous, se trouve à l’origine de bon nombre d’actes particulièrement monstrueux. Or de telles postures sont à proscrire, car elles n’honorent pas le système démocratique que nous revendiquons et plus encore, elles rabaissent l’humanité et ne favorisent en rien le lien social, encore moins le vivre-ensemble. Nous avons besoin de s’accepter les uns les autres, d’être tolérant les uns envers les autres, c’est-à-dire avoir une disposition d’esprit ou une règle de conduite consistant soit à laisser à chacun la liberté d’exprimer des opinions qu’on ne partagent pas, soit à ne jamais défendre ses opinions par la violence. Personne ne peut se considérer en matière religieuse, morale ou politique comme dépositaire d’une vérité absolue. A ce titre, l’acceptation de l’expression libre de toutes les croyances et finalement de la libre pensée devient ici nécessaire. Mais jusqu’où doit-on brandir le fameux slogan de la tolérance ?
Bien que la tolérance à l’égard de la différence, nous semble utile et pourrait être un moyen d’échapper à une montée en puissance des tensions et des violences, il reste que celle-ci ne saurait s’exercer dans l’absolu. L’invitation à la tolérance ne signifie nullement tout tolérer. Car qui pourrait tolérer et acclamer des actes injustifiés comme ceux du terrorisme ou des crimes abominables. Comment tolérer, des massacres violents, la torture des personnes innocentes, des injustices raciales et sociales ; l’enrichissement illicite, le détournement scandaleux des fonds publics par certains de nos élus ? Doit-on être tolérant, même avec les plus intolérants ?
Tolérer, des pratiques criminelles, des sacrifices humains, des attentats et des crimes contre l’humanité, sous prétexte du respect de la différence, ou de la tolérance de la pluralité de l’espèce humaine, c’est accepter et passer sous silence ce que l’on doit pourtant dénoncer et combattre. Tolérer sans jamais dénoncer et stigmatiser avec la dernière énergie, le détournement, par exemple, des fonds publics, le mensonge à outrance de certains de nos dirigeants, c’est se faire passer pour leur complice, au sens où nous refusons volontairement de les dénoncer et choisissons délibérément d’observer le silence. Il n’y a rien de vertueux à tolérer des actions moralement condamnables .En effet, tolérer tout, sans aucune restriction et limite, c’est mettre en péril même la tolérance et consentir à son anéantissement. Autrement dit, la tolérance pour sa propre survie à besoin d’être encadrer par certaines limites sans lesquelles elle s’anéantirait. Quelle est alors la limite infranchissable ?
Si la tolérance est une vertueux pour nos sociétés démocratiques, alors cette dernière doit s’exercer raisonnablement et non pas par pur et simple principe. En effet, une tolérance érigée en principe universel et sans restrictions ou limites, comporte des risques désastreux pour l’humanité. Car, cela empêcherait de condamner, par exemple, des crimes monstrueux, puisqu’ici le principe d’une tolérance universelle nous obligerait à tout tolérer. Or, la tolérance érigée en principe absolu et qui conduirait ainsi à tout tolérer, même des atrocités, devient une tolérance monstrueuse ou une cruelle tolérance, puisqu’ici la tolérance perd sa charge morale ou vertueuse. Cette perte entraine ainsi une altération profonde du sens de ce concept. Autrement dit, pour que le concept de tolérance prenne tout son sens, il faudrait que ce dernier puisse comporter toujours sa charge éthique ou morale, de sorte que la tolérance, bien loin d’être universelle par pur principe, en impose des limites pour la préservation de son sens absolument vertueux ainsi que des conditions de sa survie. En clair, lorsque des intérêts, des objectifs, des opinions ou convictions personnelles, mettent profondément en dangers la vie des autres, ou porte atteinte à leur intégrité physique ( et même morale), alors la tolérance doit céder ici le pas à la dénonciation ferme ainsi que la mise en place des possibilités de lutte contre toutes pratiques et actes qui pourraient nuire d’une manière ou d’une autre, aux uns et aux autres. Dans cette logique, les actes et propos à connotation raciste et antisémite doivent être dénoncés et combattus. Toute tolérance qui sortirait de ce cadre raisonnable pour soutenir, accepter ou permettre un acte, pratique ou propos qui irait dans le sens d’une mise en danger de l’autre ou qui favoriserait des injustices et des atrocités, n’est plus une tolérance raisonnable ou une tolérance acceptable : c’est une tolérance absurde, une monstrueuse tolérance. Il n’y a aucune disposition vertueuse et salutaire à tolérer des massacres humains, des attentats qui occasionnent de pertes de vie importante, des mensonges et des fraudes fiscales scandaleuses, des actes et propos racistes. Acclamer et tolérer un acte qui pourrait mettre, sans aucune justification fondée, la vie d’une personne en danger, ( ou son intégrité physique et morale) sur la simple base de son appartenance raciale ou religieuse, est une preuve d’irrationalité. Ainsi la tolérance ne vaut que dans le domaine d’une valorisation de l’humain et impose de limites nécessaires pour sa survie. En un mot, la tolérance est une vertueux à préserver, encore faudrait-il que cette dernière soit raisonnable et prenne en compte la diversité humaine.
Même si le monde dans lequel nous vivons ne pourrait jamais se transformer en un paradis où toutes les souffrances et tous les maux auront disparu, il reste que nous pouvons parvenir à réduire ou marginaliser les maux qui ne cessent de hanter notre société. Car, comment fonder une société digne de ce nom, si la haine, la violence, la rancune et toutes ces vilaines choses ne cessent de hanter les esprits des uns et des autres ? Dans quel monde souhait-on nous vivre ? Désirons-nous vivre dans un monde où le respect de l’autre et la dignité humaine, occupent une place prépondérante dans le vivre –ensemble, ou préférons-nous vivre dans un univers où règne les préjugés irrationnels sur l’autre, le regard méprisant sur la différence culturelle ou raciale, l’incitation à la haine et à la violence, le rejet de l’étranger, la montée en puissance des injustices et des inégalités sociales, la banalisation de la souffrance de l’autre? Comment justifier et comprendre cette attitude de l’homme envers son semblable ?
Vivant dans un monde où la reconnaissance d’une pluralité de l’espèce humaine est un fait implacable, le respect et la dignité de la personne humaine sans distinction de couleur, de croyance et de sexe, apparaissent ici plus que nécessaire et en appellent à une sérieuse réflexion sur l’agir humain, mais aussi à des débats publics sans passions et dans lesquels ces problèmes seront discutés à juste titre et avec toute l’attention qu’ils méritent.